Jean-Jacques Le Joncour
Sculptures, peintures et installations artistiques
Le livre - Oh ! Navizence - En descendant de la Navizence

EN DESCENDANT DE LA NAVIZENCE

Extrait de la revue 13 étoiles No 2 février 1994 - Daniel Rausis


La culture court un triple risque : production du standard, apprentissage de la futilité et survalorisation du loisir.
Comme un pieu foutu en terre, le totem de la culture balise nos pelouses mieux que nains de jardins.

Perpendiculairement, la crise agite des peurs alimentées aux pulsions sécuritires, avec elle le retour du paternalisme : "L'éducation ou la catastrophe, vite ! " En agitant le fantôme de la violence et la marotte de la drogue, on encourage une potentialité insoupçonnée naguère, du loisir, notamment pour la jeunesse, le saisissant à la lumière d'une urgente condescendance en terme de prévention primaire. Les centres de jeunes y gagnent un goodwill attendu auprès des exécutifs, à condition bien sûr que soient régulées, au besoin interdites, les formes alternatives extêmes qui se passent du maternage : performance rap ou culture techno. Transversalement au mat totémique de la culture de consommation, on fixe avec une carotte le bâton du gendarme dans le dessein empressé de pouvoir l'agiter pour peu qu'un âne udacieux n'en ronge le pivot en sciant par là-même la branche sur laquelle on ne veut surtout pas le voir debout.

Sur cette croix, ce qui va rendre l'âme c'est l'animation socio-culturelle globale.

A Sierre, l'expositin "Oh ! Navizence" de l'association "A l'0euvre", émanation de l'ASLEC,(Association sierroise de Loisirs et Culture) qui a incidemment plus fait parler de Sierre en trente ans que nombre de projets destinés à cet effet mais encore en veilleuse, va contre la doctrine officielle de la culture. En lieu et place de se penser comme divertissement d'une vie laborieuse qui la rend possible parce qu'on s'est trop contraint à gagner cette aisance, la culture est ici vécue comme la vie. Qu'il soit possible de s'occuper quand on n'a rien à faire démontre que le fait culturel n'est pas un loisir, il n'y a que les nantis qui confondent. Qu'il soit possible de susciter la prise en charge, par les intéressés eux-mêmes, de leurs besoins spécifiques en matière sociale est un non-sens pour les décideurs (...)

Dans la capitale du crayon, les électeurs sont régulièrement l'occasion de perpétrer le meurtre du père. Ne nous étonnons pas si dans la grande famille de l'ASLEC,quelques enfants terribles sont en train de regagner par en bas, via la légimité politique, ce que par en haut on ne leur reconnait pas : le partenariat civique.


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pierre de la Navizence